Les « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (2024)

Commençons par se dire les vraies affaires : personne ne dit « tabernacle » dans la Belle Province. On dit « tabarnak ».

Si vous voulez imiter notre accent et nos mimiques de manière réaliste, l’utilisation correcte des sacres est de mise (chez nous on ne jure pas, on sacre).

Pratiquez-vous un peu avant d’entamer votre prochain road trip au Québec ou de vous improviser comédien le temps d’une soirée.

Les principaux sacres

Crisse

Peut aussi s’écrire « criss».

On l’emploie pour désigner une personne ou une chose, pour définir quelque chose ou pour ajouter du punch à une phrase.

  • Origine : provient du Christ
  • Exemple : « crisse que c’est beau Charlevoix »,«crisse d’imbécile », « reviens ici mon p’tit crisse », « la file d’attente est longue en crisse », « outch crisse! », « c’est beau en crisse », etc.
  • Variantes douces : crime, cristi, criff, etc.

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Calisse

Peut aussi s’écrire « caliss », « câlice », « côlisse » ou « câlisse ». On emploie généralement « calisse » à l’écrit, mais on prononce bien l’accent circonflexe à l’oral.

Si vraiment vous tenez à vous exercer avec l'accent, lisez notre guide "L'accent québécois en 5 étapes faciles" et pratiquez vous sur nos plus belles expressions québécoise Les « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (3)

Celui-ci est un peu comme le grand frère de « crisse » : on l’utilise pratiquement de la même façon, juste un peu plus intensément.

Quand on le dit seul, c’est principalement pour exprimer du découragement ou de la frustration. Plus le « a » est étiré, plus le sentiment est intense.

  • Origine : Provient du calice, une coupe utilisée durant les célébrations religieuses pour la consécration du vin. Le vin à l’intérieur de la coupe rappelle le sang du Christ.
  • Exemple : « calisse que c’est laid », « es-tu sérieux calisse? », « le p’tit calisse »
  • Variantes douces : câline, câlique, caline de bine, câlasse, câlibine, etc.

Ostie

Peut aussi s’écrire « osti », « esti », « asti », « sti ».

Pour la majorité des Québécois, c’est le juron qu’on utilise le plus, surtout la version coupée, « sti ».

C’est aussi le premier que les Européens établis au Québec apprennent généralement à maîtriser. Les « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (4)

On l’emploie pour désigner une chose ou une personne, et aussi comme un adjectif.

  • Origine : proviens de l’hostie, le pain de communion que le célébrant d’une célébration eucharistique partage avec les fidèles. L’hostie rappelle le corps du Christ.
  • Exemple : « sti qu’c’est beau », « ostie qu’il m’énerve », « y’a du monde en ostie à Montréal pendant le festival» « l’ostie est encore arrivé en retard », « ostie que j’ai hâte de te voir! »
  • Variantes douces : estifi, ostifi, estik, etc.

Tabarnak

Peut aussi s’écrire « tabarnac », « tabarnaque ».

Tabarnak est la grande star des jurons québécois, celui qui soulage le plus, celui qui a le plus d’impact… et celui qui est le plus déformé par nos cousins français.

Je l’ai mentionné plus haut, je le répète : c’est « tabarnak », pas « tabernacle ».

On l’emploie avec beaucoup d’intensité pour désigner une personne ou une chose ou pour définir quelque chose.

On le divise souvent en 3 syllabes pour ajouter un ton dramatique…

On peut aussi utiliser la version coupée « ta’ » pour faire plus poli, mais celle-ci n’a aucun impact. À la limite, elle est mignonne : « je l’aime en ta’ »

  • Origine : Provient du tabernacle, le meuble où sont rangées les hosties dans une église.
  • Exemple : « TA-BAR-NAK, j’en reviens pas! », « le parc Forillon, c'estbeau tabarnak », « il pleut en tabarnak », « le vieux tabarnak » « ayoye tabarnak! »
  • Variantes douces : tabarnane, tabarnouche, tabarouette, tabern’, taboire, ta’, etc.

Ciboire

On le prononce « ciboère ».

Celui-ci est un peu moins fréquent que les autres. Les générations plus jeunes l’utilisent plutôt rarement.

On l’emploie majoritairement comme un adjectif.

On peut ajouter « saint » devant. Cette formule est beaucoup utilisée pour exprimer une émotion négative, souvent du découragement.

  • Origine : Provient de ciboire, le vase dans lequel on retrouve les hosties.
  • Exemple : « saint-ciboire… c’est épouvantable » « j’ai eu une ciboire de contravention » « y fait frette en ciboire »
  • Variantes douces : cibole, ciboulot, cibolac, etc.

Sacrament

Sacrament est, selon moi, le juron le plus puissant. Quand il fait froid en sacrament, c’est que ça caille. Vous aurez surement l'occasion de le placer lors de votrevoyage d'hiver au Canada.

On l’emploie comme un adjectif, et beaucoup en fin ou début de phrase.

  • Origine : Provient de sacrement, un rite chrétien sacré. Le baptême et le mariage sont parmi les plus connus.
  • Exemple : « C’est laid en sacrament! » « Sacrament que c’est laid! » « Fous-moi la paix sacrament »
  • Variantes douces : « sacrifice », « sacréfice », « sac », etc…

Origine des jurons québécois

À l’époque, l’Église contrôlait la société. Durant la Révolution tranquille, dans les années 60, elle a perdu énormément d’influence et l’usage des sacres est devenu de plus en plus fréquent.

On dit que c’était une façon pour les hommes et les femmes de se rebeller contre l’autorité religieuse.

Aujourd’hui, les jurons font partie du vocabulaire des Québécois, et ils sont pratiquement inévitables une fois de temps en temps.

Les déformations

Transformer un sacre en adverbe

Les jurons suivants peuvent aussi être transformés en adverbe, vous permettant ainsi d’amplifier un adjectif :

  • CrisseLes « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (7) Crissem*nt :« c’est crissem*nt beau » « c’est crissem*nt long » « il fait crissem*nt froid »
  • CalisseLes « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (8) Calissem*nt :« il fait calissem*nt chaud dehors », « j’ai calissem*nt faim »

Transformer un sacre en verbe

Les jurons suivants peuvent aussi être transformés en verbe. Attention, la maîtrise des verbes est complexe.

Je compare souvent cette pratique avec les Schtroumpfs et le verbe « schtroumpfer ». Ça vous sonne une cloche? Les « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (9)

Les verbes formés par des jurons s’utilisent dans plusieurs situations, et il faut porter attention au contexte pour bien comprendre.

  • CrisseLes « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (10) Crisser
  • CalisseLes « tabarnak » de jurons québécois expliqués de A à Z (11) Calisser

Voici quelques exemples :

  • Je l’ai calissé là : Je l’ai laissé tomber
  • Ça me criss à terre : Ça me jette par terre
  • Criss-moi la paix : Fous-moi la paix
  • Décaliss d’ici | Criss ton camp : Vas t’en
  • Tu me décriss quand tu parles comme ça : Tu me fais mal, tu me fais de la peine
  • J’ai crissé le camp par terre : Je suis tombé
  • Je lui ai calissé une claque : Je l’ai frappé

Généralement, les verbes formés avec « calisse » sont plus puissants que ceux formés par « crisse ».

Voilà !

Surtout, souvenez-vous que sacrer n’est pas particulièrement poli. On comprend votre enthousiame àêtre dans la province où l'on parle le plus français au Canada mais on essaie de le faire le moins possible.

À utiliser avec modération lors de vos imitations ou lors de votre prochain séjour au Québec.

Dites-moi, est-ce qu’il y a un autre juron qui pique votre curiosité, et que je n’ai pas mentionné ? Si oui, n’hésitez pas à vous exprimer dans la zone commentaires ci-dessous.

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